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                     DE LA POSSESSION ANNALE.                            185
    L'ensaisinement féodal rappelait l'ancienne investiture de Rome
et de la Germanie. Mais les formes romaines et germaniques
n'avaient pour but que d'imprimer l'authenticité aux actes de la
"volonté de l'homme ; tandis que la saisine accordée par le sei-
gneur n'était autre chose que le signe de l'asservissement du sol.
   La nécessité de l'ensaisinement féodal subsista pendant long-
temps dans certains pays, comme on peut en juger par les Cou-
tumes notoires, dont l'art. 72 est ainsi conçu : « Aucun ne peut
être propriétaire s'il n'est ensaisiné réaulment et de fait par le
 seigneur d'icelle propriété ou par les gens dudit seigneur sous
qui elle est. »
                                    §5.
ACTION DES COMMUNES CONTRE LA FÉODALITÉ. — CHARTES DE
                               FRANCHISES.

    Les prétentions seigneuriales au domaine de la terre, jointes
à toutes les violences de la féodalité, ne contribuèrent pas peu à
inspirer la résistance et l'union d'où sortirent, dans le nord de
la France, les Communes jurées qui, par des conjurations tumul-
tueuses, forcèrent, dès le XIe siècle (1), les seigneurs à leur ac-
corder des Chartes de franchises. Je me borne simplement à
constater le fait, sans vouloir m'enquérir ici ni des usurpations
des seigneurs sur l'autorité royale ou sur leurs vassaux, ni des
usurpations des vilains convertissant en propriété personnelle la
terre qui ne leur avait été concédée qu'à titre de cens. Quoi qu'il
en soit, les Chartes communales furent le signal du mouvement
municipal qui, d'un bout à l'autre, entraîna la France actuelle,
aux XIIe et XIIIe siècles, vers la pente d'une liberté civile et po-
litique dont la conquête se préparait.
qu'Edouard, sire de Bcaujeu, réduisit dp douze deniers viennois à six les
droits qu'il prélevait sur les bourgeois dans la baillie de Limas, pro quali-
bet saysina et pro qualibel desaysina, faite par lui ou ses gens (gentes
mas). Voir de la Roche de la Carcllc. Histoire du Beaujolais, t. i, p. 334.
   (1) La ville de Cambrai qui, dés l'an 957, avait fait effort pour s'af-
franchir, fui la première qui, en 1076, se constitua en Commune jurée
contre la seigneurie temporelle de l'évèquc.