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                ET DE LA POLÉMIQUE RELIGIEUSE.                  155
    Ce galimathias continue jusqu'à ce que le quêteur s'écrie;
    — Par la messe ! on ne peut s'entendre ici ; quel vacarme nous
 fait ce moine ?
    Sur quoi l'autre demande si ce prêtre n'aura pas bientôt fini
 de bavarder. Ils s'interrompent et s'interpellent; chacun veut
 faire taire l'autre et ne peut y parvenir ; des injures ils en vien-
 nent aux menaces, et de là aux coups de poing. Enfin, le curé met
 le holà entre les combattants ; mais, par égard pour la morale de
la pièce, ils vont tous deux expier dans les < stocks, » le scandale
                                               >
 qu'ils ont causé dans la maison de Dieu.
    Heywood a profité habilement de ia querelle des deux religieux,
pour mettre dans leur bouche la satire mutuelle de leurs pro-
fessions.
    Le quêteur menace son confrère de la punition dénoncée con-
tre ceux qui s'opposent à la propagation de la parole de Dieu. —
La parole de Dieu ? répond l'autre, il s'agit bien de cela dans tes
 sermons. Tu ne parles que de convoitise; tu recommandes
aux gens de se garder d'être avares, et tout cela aboutit à tendre
la main: c'est ton métier de toute la journée.
    Déjà dans une autre occasion, Heywood avait fait dire à un
moine pressé par un marchand de faire quelques emplettes (pour
sa mie cachée en certain coin) : « Nous n'achetons pas, nous
ne faisons que mendier.
    Il paraît, du reste, que le péculat est un vice familier à l'É-
glise, car le quêteur ne fait que renvoyer l'accusation à son au-
teur : « En vérité, bonnes gens, dit-il à l'assemblée, votre argent
fait grand mal à ces fainéants ; il les encourage à la paresse,
et leur ôte le désir de gagner honnêtement leur vie par le tra-
 vail.
    La paresse, la corruption , les fraudes, l'avidité des moines,
 tels sont les thèmes qu'Heywood ramène constamment devant la
gaité de son auditoire. Il ne perd pas non plus cette nouvelle oc-
casion de médire des reliques et d'enrichir son catalogue d'ob-
jets bouffons, tels qu'un os de sainte Brebis , la pantoufle d'un
des sept dormeurs, et quelques-unes des abeilles qui piquèrent
 Eve au paradis ; en leur attribuant les plus singulières vertus.