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140 «OME EN 1853. murs de Rome. C'est un petit dôme à jour qui abrite une gra- cieuse statue de la Vierge. Cette œuvre qui atteste le talent du sculpteur romain, atteste aussi la reconnaissance de l'aristocratie romaine pour un service qui, au dire de bien des gens, serait aujourvl'hui oublié. En rentrant en ville, nous avons vu à la Porte Saint-Pancrace des traces nombreuses de la lutte terrible qui a eu lieu sur ce- point. Les brèches faites aux murs d'enceinte ont été, il est vrai, soigneusement réparées, mais il reste d'autres ruines qui ne le sont pas encore. Deux grandes maisons qui ont eu le malheur de se trouver entre les assiégeants et les assiégés, sont littéra- lement percées à jour. Au sommet de l'une de ces maisons, les assiégés avaient arboré le drapeau noir comme s'il y existait un hôpital de blessés, et à l'abri de ce signe respecté, leurs tirailleurs nous faisaient éprouver des pertes sensibles. Mais on s'en aper- çut bien vite, et le canon français eut bientôt fait justice de cette petite ruse de guerre qu'on trouva de mauvais goût. Ce fait m'a été attesté sur les lieux mêmes par plusieurs militaires français qui en ont été témoins oculaires. On sait quelles difficultés notre armée eut à vaincre pour s'em- parer de Rome sans endommager les monuments précieux qu'on y rencontre à chaque pas. Dans une guerre ordinaire, l'assiégeant cherche à faire tout le mal possible à son ennemi ; mais ici les rôles étaient intervertis, et l'assiégeant cherchait, avant tout, à épargner la ville, tandis que l'assiégé n'en prenait nul souci. L'église de Saint-Pierre in Montorio, située sur le Mont Jani- cule, est certainement l'édifice qui a le plus souffert; mais à qui la faute ? Les assiégés avaient occupé en force cette position importante qui domine toute la ville. Le chœur avait été converti en écurie, et les religieux qui desservent cette église nous ont montré la partie de ce même chœur où Garibaldi avait attaché ses chevaux. 11 espérait sans doute qu'on n'oserait pas l'y trou- bler ; mais cet espoir dura peu, et l'artillerie française l'eut bien- tôt forcé à déguerpir. Le dommage est aujourd'hui réparé. Au dire des religieux, il s'est élevé à six mille écus romains (soit 32,400 fr.), qui ont été fournis, un tiers par le gouvernement