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                        «ES AMIS DES ARTS.                           S7
   Les peintres réalistes ont la chaleur du sang, l'humeur riante,
l'air cavalier.
   La figure de Claude Lorrain caractérise admirablement, le
peintre paysagiste ; elle est charmante de jeunesse et d'ardeur
investigatrice : on voit l'homme qui a pour compagnons les fo-
rêts , la mer, les plaines et le soleil ; on voit le piéton infatigable,
l'hôte du paysan et du pêcheur.
   Les sculpteurs portent dans leur allure robuste et adroite les
traees d'un travail manuel fatigant, et qui exige parfois le cou-
rage et l'agilité du simple ouvrier.
   Les architectes sont moitié hommes d'imagination et moitié
géomètres ; on sent en eux l'habitude du calcul unie au senti-
ment de la beauté.
   Les peintres romains et florentins voient au dedans d'eux-
mêmes certaines images sublimes qui montent de la terre vers
le ciel ; ils voient l'humanité dans sa perfection idéale ; ils ne
prennent de l'homme que ce qui intéresse la grande histoire de
tous les siècles.
   Mais si, après avoir admiré les détails, on s'attache àl'ensem-
ble, on trouve qu'il manque d'unité.
   L'esprit n'admet point cette autorité suprême, attribuée aux
trois artistes antiques qui planent sur l'assemblée comme des
demi-dieux.
   L'art moderne n'est point, en effet, la simple continuation de
l'art antique, il aurait fallu admettre sur l'estrade des juges,
des représentants de l'esprit nouveau.
   D'un autre côté, les maîtres qui composent l'assemblée sont
isolés les uns des autres, ou groupés en petits cénacles : on
n'aperçoit point de grande pensée qui les préoccupe tous en
même temps; chacun d'eux semble se renfermer dans le senti-
ment de sa force et de son talent ; ils ne sont point entourés de
la famille de leurs élèves , et ne projettent pas de rayons autour
d'eux ; ils ne sont unis par conséquent ni par la soumission res-
pectueuse pour le passé, ni par l'amour pour l'avenir.
   Raphaël a deux fresques, dont le sujet a beaucoup d'analogie
avec celui de l'Hémicycle de M. Paul Delaroche, à savoir le Par-
nasse et l'Ecole d'Athènes.
   Dans le Parnasse, où il nous offre la réunion des principaux
poètes anciens et modernes, il a mis au centre de sa composi-
tion , non pas des hommes illustres, mais Apollon et les Muses,
c'est-à-dire la Divinité elle-même. L'unité de l'ensemble découle
de cette âme céleste qui communique une étincelle à toutes les
autres.
   Dans l'Ecole d'Athènes, auprès des maîtres , il a placé les