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DES AMIS DES ARTS. 77 la beauté corporelle, des groupes heureusement disposés ; du reste, ni expression, ni vie ; cette composition appartient à l'art dégénéré du XVIIIe siècle, La Madeleine de M. Gigoux se rattache à l'école flamande ; la couleur en est belle, la peinture large et puissante, mais le type est de la plus grande vulgarité. M. Lacuria a exposé une Sainte famille, où le dessin et le modelé sont par trop insuffisants ; toutefois il a su répandre sur cette petite composition, une atmosphère de paix, de douceur et d'affection, qui font qu'on y revient avec plaisir. Le portrait de M. le docteur de L***, parle même artiste, est Irès-fin, et l'expression en est douce et sympathique. M. Martin Daussigny nous a donné Sainte Elisabeth, fille d'André II, roi de Hongrie, visitant les pauvres de l'hospice qu'elle avait fondé. L'ordonnance de la composition est bien en- tendue, les groupes bien distribués, le sentiment général conve- nable; malheureusement l'exécution ne répond pointa la pensée première ; les figures manquent de modelé et de vie ; l'air ne joue pas entre elles, et la couleur est triste et uniforme. M. Mattey, de Montpellier, et M. Tyr ont exposé les plus beaux portraits de notre Salon. M. Mattey est évidemment un artiste du premier ordre dans ie genre qu'il a adopté ; ses portraits ont une vigueur extra- ordinaire, et le dessin en est très-précis ; peut-être ne fait-il pas assez sentir l'homme intérieur, l'homme intellectuel. Les têtes sont puissamment rendues ; toutefois elles nous paraissent re- produire surtout la physionomie que l'on a pour tout le monde, et non tout à fait celle que l'on a pour le cercle intime de ses amis. M. Tyr nous a envoyé une magnifique Etude de jeune homme, peinte en pleine lumière, d'un dessin pur, simple et ferme comme celui d'un bas-relief antique ; on reconnaît dans cette toile la science et l'habileté de l'un des élèves les plus distingués de Victor Orsel. MM. Villarasa, Faverjon, Reverchon, Genod, Meunier et M,le Adélaïde Wagner ont exposé aussi des portraits recomman- dables à divers titres. Les tableaux de genre sont assez nombreux, et en première ligne il est juste de placer M. Armand Leleux : ses toiles se font remarquer tout de suite par des effets de lumière adroite- ment ménagés, et par un air achevé qui séduit l'œil. Les Arriéras sont une des plus jolies compositions que nous ayons vues de cet artiste. La tête du muletier, vue de face, reproduit heureu- sement et le caractère de la physionomie espagnole, et le caractère de la classe à laquelle appartient le personnage. Le muletier vu