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6G                BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

  « Un jour, saint François qui vivait encore de la vie du
« monde, mais qui depuis quelque temps ressentait le vague
« besoin d'une vie plus parfaite se promenait à Assise avec ses
« compagnons de fêtes. Jusque-là, il avait été le joyeux et
« bruyant organisateur de tous leurs plaisirs et maintenant il
« semblait absorbé sous d'austères et immenses méditations. 11
« allait devant ses amis, silencieux, la tête inclinée, les laissant
« tout étonnés d'un changement si inattendu. Tout à coup l'un
« d'eux croit en deviner la cause et lui demande en riant :
« — Songerais-tu par hasard à prendre femme ? — A ces mots
« François se retourne, relève le front et s'écrie : —Oui, je songe
« à prendre femme, et la femme que je prendrai est si noble, si
« riche, si belle, que jamais vous n'en avez vu de semblable.
   « Tous les légendaires nous révèlent le secret de ces mysté-
«  rieuses paroles, et lorsque Giotto voulut traduire leur pensée
«  et la sienne par son immortel pinceau, il représenta, dans
«  une fresque qui existe encore, un jeune homme qui passe
«  l'anneau des fiançailles au doigt d'une jeune fille pendant que
«  le Christ semble les bénir du haut du Ciel : le jeune homme,
«  c'est François d'Assise; la jeune fille, c'est la Pauvreté évan-
«  gélique.
   « A quelques jours de là , le mystique fiancé, celui qui médi-
« tait déjà d'inspirer au monde l'amour des petits et des pau-
« vres, errait dans la vallée d'Assise, demandant à Dieu de
« l'éclairer sur ses volontés à son égard et de découvrir à son
« intelligence ce qu'il attendait de lui. Au milieu de ses médita-
i. tions il parvint vers l'église de Saint-Damien et y entra pour
* prier. Les yeux attachés sur le crucifix et baignés de larmes,
« il poursuit encore son problème au pied des autels. Alors,
« suivant la légende, il entendit par trois fois ces paroles qui
« sortaient de la bouche du Christ : — Va, François, et répare
« ma maison, qui, tu le vois, tombe toute en ruines. »
    « Ces deux anecdotes, ajoute M. Morin, nous donnent le se-
« cret de la vie de saint François, car elles nous apprennent
« l'idée première qui dirigea tous ses efforts ; elles nous expli-
« quent toute l'institution des Frères mineurs.