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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. t>< sous Kiamil Bey, prince immensément riche, brave, intelligent et fastueux, le meilleur des Turcs qui aient paru en Grèce. Mais Kiamil, ayant été fait prisonnier par les Grecs à la prise de Tripolitza, périt malheureusement d'un coup de pistolet tiré par unGrec obscur, au moment où il allait s'échapper. Elle fut ensuile prise et saccagée une dernière fois ; maintenant elle commence à surgir de nouveau de ses cendres ; et le génie commercial de ses habitants lui procurera peut-être une nouvelle phase de pros- périté. La partie la plus intéressante du livre de M. d'Eschavannes est, à notre avis, celle du moyen âge. Cette époque de la Grèce était à peu près ignorée de ceux, du moins , qui ne s'occupent pas exclusivement d'études historiques ; la filière était inter- rompue entre la Grèce antique et la Grèce moderne ; l'auteur a heureusement comblé cette lacune. Il est curieux de voir cette terre classique aux mains de nos peu lettrés barons et de ces aventureux paladins, dont l'épée était la seule science, la gloire et de romanesques amours, les seuls mobiles. Les antiques arènes, témoins des combats des gladiateurs, furent témoins aussi des joyeux tournois et des jeux chevaleresques de nos preux. Leur humeur querelleuse et guerrière s'exerçait en Grèce, comme en France, en d'interminables discordes; les barons de Misithra, les ducs d'Athènes et de Carythènes, et bien d'autres encore, tous vassaux des princes de Corinthe, dont la suzerai- neté s'étendait sur toute l'Àttique et tout le Péloponèse, se que- rellaient sans cesse et se disputaient leur territoire. Un nom surtout domine tous les autres, celui des Villehardouin, dont la noble race s'était assise à Corinthe sur le siège des Périandre et des Aratus. La plupart des forteresses ruinées et des citadelles élevées sur les acropoles des villes grecques furent construites par des Villehardouin. Les Vénitiens les remplacèrent, puis les Acciajuoli, banquiers florentins, et enfin les Turcs. Un fait important résulte du livre de M. d'Eschavannes : c'est que l'identité du peuple grec, son individualité, sa nationalité n'ont point été altérées par les diverses conquêtes qu'il a subies. Le Grec, quelquefois soumis, presque toujours rebelle, n'a jamais