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LA REINE CARÉTÈNE. J9
Elle a guidé dans le chemin de la véritable foi sa fllle et
ses neveux :
Prœclaram sobolem dulcesque gavisa nepoles
Ad veram doctos sollieitare fidem.
L'histoire de sainte Clolilde et celle des enfants de Gonde-
baud l'attestent. Elle a érigé aux Saints Anges un temple célèbre :
Condidit hœc templum prœsens quod personat orbe,
Angelicisque dédit limina celsa choris.
En se rappelant les malheurs et le joug que la domination
arienne fit peser sur l'Eglise, la dédicace d'un temple en l'hon-
neur de la milice céleste et de son chef est une chose significa-
tive. Enfin, elle a souvent intercédé auprès du roi en faveur des
malheureux et des coupables : ici le roi ne me parait plus le
princeps excelsus des premiers vers, c'est Gondebaud que
l'auguste recluse a dû plus d'une fois implorer.
Il ne faut être que médiocrement surpris de ne pas rencon-
trer le nom de Chilpéric dans cette inscription ; cette omission
même est un argument de plus en faveur du système que j'ose
présenter. D'abord, Chilpéric était mort depuis quinze ans lors-
que Carétène fut appelée à Dieu; puis , tout innocent que je crois
Gondebaud , tout étranger que je le suppose à la fin tragique et
prématurée de son frère, il paraît certain que celui-ei a été vic-
time d'une tentative ambitieuse et d'une guerre injuste qu'il
avait lui-même suscitée. 11 était donc peu convenable de rap-
peler sa mémoire. Enfin , suivant toutes les probabilités, l'é-
poux de Carétène était arien, et, soit par respect pour la foi
de sa veuve, soit par une attention délicate vis-à -vis de CIo-
tilde, on aura cru devoir le passer sous silence, dans une
légende exclusivement catholique. Grégoire de Tours s'est im-
posé la même réserve, quand, énumérant les fils de Gundioc
dont les Frimes avaient conquis l'héritage, il omet à dessein
Chilpéric : Probavit hoc Godegisili, Gundobaldi atqite Godo-
mari interiliis, qui et patriam simul cl animas perdiderunl (t).
(1) Hist. Franr.or. , I. m, Prolog. — Le savant auteur de l'Histoire
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