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ET SON ŒUVRE 459 source Cyané qui mêle, tout près de Syracuse, ses eaux limpides à la mer bleue « où chantaient les Syrènes. » Que ne puis-je transcrire ici les vers en l'honneur du théâtre syracusain, si limpides, si exquis de forme, si pleins de rêves et générateurs d'évocations. Ah ! qu'il est délicat, ce poète et qu'il est savant ! Il sait beaucoup, il vit plusieurs existences, — mais plus particulièrement le passé le retient. Lisez son beau sonnet sur la Grèce où il a mis tout son cœur de passionné fervent ; suivez-le dans son pèlerinage à travers l'Italie, à Pise, à Florence, et dites s'il est possible de mieux parler du sol où germèrent les arts émigrés de l'Hellas. Il faudrait tout citer à l'appui de cette démons- tration. Son œil est également ébloui par les lointains lumineux et les ciels d'Orient, aux profondeurs nacrées. Par delà les mers, Tyr et Sidon le sollicitent, et pour chanter les Phéniciens, Sémiramis ou les Hébreux, il trouve de superbes accents. Mais il ne s'attarde pas sur ces rives étrangères; son âme n'est ni en Egypte, ni en Phénicie; elle est en Grèce, en Italie, elle est aussi en France. Par dessus tout elle se plaît dans cette belle et fière Auvergne qui a engendré tant de bons poètes, la pittoresque contrée dont les puys majestueux et les volcans éteints, sont tapis- sés de fleurs, de mousses, de fougères, et où des bois épais mettent aux flancs des ravins de sombres masses de feuillage dont les arbres géants, débris respectables de la forêt Arverne, restent les témoins chenus mais toujours debout de la gloire Gergovienne. L'impression qui se dégage de la lecture des vers sur « l'Auvergne » c'est d'être composés par un excellent patriote, un vrai Français pour lequel l'amour de l'Art ne prime pas celui de la patrie. M. de Nolhac est, comme tout vrai poète, savant, lettré, admirateur et connaisseur des maîtres anciens. Il