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                          ET SON Å’UVRE                          447
        Son estroicte longueur, que la Saône divise
        Nourrit mil artisans et peuples tous divers :
      . Et n'en déplaise à Londre, à Venise et Anvers,
        Car Lyon n'est pas moindre en faict de marchandise,

      Je m'estonnay d'y voir passer tant de courriers,
      D'y voir tant de banquiers, d'imprimeurs, d'armuriers,
      Plus dru que l'on ne voit les fleurs par les praieries.

      Mais je m'estonnay plus de la force des ponts,
      Dessus lesquels on passe, allant delà les monts,
      Tant de belles maisons et tant de métairies.




                                 VI


   De Joachim du Bellay, M. de Nolhac passe à Ronsard dont
il nous conte le dernier amour, la liaison toute platonique
avec Hélène de Surgères (9). Ce sont des pages charmantes
bien propres à intéresser les admirateurs de la Pléiade, car il
y en a encore, grâce au ciel! Ils trouveront là, condensés et
précis des détails bien curieux sur l'étrange et fastueuse cour
de Catherine de Médicis, la femme d'Henri II, « aux lèvres
minces, aux yeux froids », intelligente, artiste, usant de
son influence et de son prestige pour ses projets d'ambition
et de règne personnel, amadouant et amusant les capitaines
et les gentilshommes frondeurs de son entourage, ceux-là
même qui, sous Charles IX, au fort des rivalités du cardinal
de Lorraine et de Coligny, tramèrent la Saint-Barthélémy,


  (9) Hélène de Surgères. Paris, Charavay, 1882.