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412 LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE tions sont encore bien loin de l'original. Je ne peux vous en montrer qu'un faible échantillon. Je l'ai obtenu assez difficilement, et si quelques jours auparavant des Anglais n'en eussent voulu emporter quelques parcelles dans leur isle, ce qu'ils n'ont pu faire qu'à grands coups de marteau, je m'en serois passé ainsi que vous. Remerciez-en la Provi- dence qui envoie de Londres à Lyon des curieux d'anti- quités, justement pour nous procurer les moyens d'aug- menter nos jouissances. « Avant de quitter ces bains, que sauf l'avis de mon cicérone, je prends plutôt pour des étuves, il est bon de vous faire remarquer qu'il existe encore dans un des angles du corridor un tuyau de briques, lequel par sa position répondante aux aqueducs existant plus haut dans le jardin de Saint-Irénée, peut faire soupçonner qu'il y communi- quoit et que son objet étoit d'y porter de l'eau. Quant à présent, s'il y en avoit davantage, on ne pourroit plus y entrer, soit qu'elle y pénètre par deux ouvertures circu- laires pratiquées à la voûte, et mal bouchées, soit par ailleurs, elle couvre le sol en quelques parties à la hauteur d'un ou deux pouces. Malgré l'humidité que cela doit y entretenir, et le défaut d'air, le mortier n'est pas plus dégradé en bas qu'en haut, et celui des murs, de la voûte et du plancher conserve son inaltérable dureté. « Que de beaux bâtiments, nés sous nos yeux, seront tombés en poudre, avant que celui-ci souffre la moindre altération. Tel, dans nos forêts, le chêne surchargé d'années, voit périr à ses pieds l'élégant peuplier comme l'arbuste délicat. « Sur la place des Terreaux, est situé l'Hôtel de Ville. Il est d'un très bon goût. A ses côtés, et sur la même place, est l'abbaye de Saint-Pierre, édifice que l'on trouve très