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soixante malades de plus, en comptant la dépense de leur
journée sur le pied de 17 sols par tête. C'est ainsi que ce
qui est perdu pour la vanité, peut être employé bien plus
avantageusement par la charité.
   « Je repassay dans la ville par le pont de bois dont je
vous ai parlé cy dessus, et qui s'appelle le pont Morand,
du nom de son auteur. Il est d'une architecture fort simple
et fort délicate. C'est peut-être le seul en France où l'on
prend des billets pour y passer. Ils ne coûtent que 6 deniers,
ce qui fait un sol pour aller et revenir. L'affluence des habi-
tants de la ville, et la communication des gens de la
campagne rendent son produit considérable.
   « En suivant du côté de l'hôpital, une large rue me
conduisit à la place de Bellecour. Elle est très vaste ; sa
figure est un carré long. Deux beaux bâtimens d'architec-
ture régulière et uniforme la terminent aux deux petits
côtés. Des maisons de particuliers, construites sur diffé-
rens points, remplissent les deux autres faces du parallélo-
gramme. Une promenade sablée et partagée par des com-
pariimens de gazon occupe le milieu de cette immense
place, dont le centre est rempli par une statue de Louis XIV.
A l'un des côtés, des tilleuls offrent leur ombrage aux
promeneurs, ce qui n'est pas dans ce pays une chose indif-
férente, d'autant plus que c'est le seul endroit de la ville
où il y ait des arbres. En continuant de marcher, j'allai
voir le nouveau quartier, c'est-à-dire celui dont la compa-
gnie dite de Perrache avoit formé le plan et commencé
l'exécution. Permettez-moi d'entrer ici dans un abrégé
historique de cette malheureuse entreprise. C'est une leçon
pour bien des gens.
  « Le sieur Perrache, homme d'un génie vif, ardent et
entreprenant, pour qui rien ne paraissoit impossible avec