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                      A   MHS
334                             CONFRERES

      Que tu sois pauvre encor. Mais, du moins, à cette heure
      Où tout terrestre appui n'est plus rien qu'un vain leurre,
      A l'instant solennel de l'étemel adieu,
      Du moins, ô laboureur, sans que ton cœur jrissonne,
      Tu pourras, en pensant que ton Å“uvre fut bonne,
      Tendormir dans la paix sans rien craindre de Dieu.


                                III

      Ecrivains, laboureurs du champ de la Pensée,
      Nourriciers des esprits affamés de savoir,
      Je trouve près de vous la tâche bien tracée;
      Il suffit de vous suivre et l'on fait son devoir.
      Mais, poète inconnu, n'est-ce pas trop d'audace
      De m'asseoir en ce cercle où Laprade eut sa place ? —
       O chantre de Psyché, quel serait ton émoi
      Si, quittant un instant les demeures bénies
       Où ton âme est bercée aux pures symphonies,
       Tu venais tout à coup paraître près de moi?...

      Comme tu rougirais du disciple inhabile!
      Comme tu lui dirais pour son bien, n'est-ce pas!
      « Jeun", homme apprends encor la grammaire et le style
      « Et ne pense jamais de marcher sur mes pas :
      « Tu n'atteindrais jamais ces larges envolées
      « Qui transportaient ma muse aux sphères étoilées.
      « Moins haut sera ton but, moins puissant ton essor.
      « Toutefois, ta pensée en son langage austère,
      « Peut, sans voler aux deux, faire entendre à la terre
      « Sur la lyre parfois plus d'un utile accord.
      « Ne visant que ce but il le sera facile
      « Pour ton naissant talent d'éviter tout écueil :