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                        LES SIRES DE BEAUJEU                           215

  Les premières franchises octroyées par nos princes furent
concédées à Villefranche, vers n é o , par Humbert IV, de
concert sans doute avec Humbert III son père, qui lui sur-
vécut (4). La raison politique de cette libéralité fut d'attirer


   (4) Telle est du moins l'opinion générale des écrivains modernes :
Laroche-Lacarelle, Michaud, Laplatte, opinion qui ne me paraît pas
fondée. Je crois qu'il faut plutôt attribuer l'honneur de la concession
de ces privilèges à Humbert III. La charte en effet dit que Guichard, le
premier sire qui voulut que ces franchises fussent conservées par écrit,
succéda à Humbert qui les avait accordées, quipredicto Huniberlo successif.
Or, ce Guichard fut le successeur, non pas d'Humbert IV, qui décéda
en 1189^ mais d'Humbert III qui survécut à son fils et mourut en 1193.
L'erreur commune vient de ce que les auteurs n'ont pas tenu compte
de ce fait, qui du reste n'a été mis que plus tard en lumière par
M. Guigue [{Hisl. de la maison de Bourbon, t. I, p. 128, note, et
t. III, Tiéces supplémentaires, p. 18). C'est donc le prédécesseur immé-
diat de Guichard IV, c'est-à-dire Humbert III, qui donna à Villefranche
ses privilèges. Une autre raison le prouve, c'est le qualificatif de pater
ajouté par la charte au nom d'Humbert, et que M. de Laroche-Lacarelle
traduit à tort par notre aïeul, SU doit se prendre ici dans son sens strict,
et se traduire par le mot père ou le vieux, par opposition au mot fils
ou le jeune. Et c'est justement le surnom que les historiens ont attaché
au nom d'Humbert III, tandis qu'ils appelaient son fils Humbert-le-
jeune. Du reste il est bien plus vraisemblable que cette concession des
franchises, si considérable dans l'histoire du Beaujolais, fut l'œuvre du
père qui possédait un véritable esprit politique, plutôt que celle du fils,
dont le rôle fut si effacé que Michaud a dit de lui : « n'était la fondation
de Villefranche, il aurait passé inaperçu. »

   Quant à la fondation de Villefranche, si l'on ne s'en tenait qu'à la
charte, il n'y aurait aucune difficulté, puisqu'elle déclare nettement que ce
fut le même Humbert qui fonda cette ville et lui donna en même temps
ses privilèges. Mais il existe une bulle d'Innocent II, datée de 1139,
où il est dit : «Ecclesiavero de Villafrancha,qux Chiniaco a Lugdunensi
archiepiscopo data esse cognoscitur, minime auferatur » [Recueil des hist.
des Gaules, t. XV, p. 396.) Villefranche existait donc cette année-là. Or,