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i8é                   LE CHRIST D'iVOIRE

fut pas seulement une de ces forteresses où tout était orga-
nisé autrefois en vue de la défense, sans qu'aucune place
fût laissée au luxe et au bien-être.
   Soit à raison de la douceur du climat et de la beauté
grandiose du site, soit plutôt à cause de la sécurité pleine
et entière, due à la forte situation de cette ville, de bonne
heure les Baux devinrent un séjour de fête et de plaisir et
les cours d'amour, qui y tinrent leur siège, sont demeurées
célèbres dans l'histoire des mœurs et des institutions du
Moyen Age.
   Depuis quelques années les Baux avaient bien perdu
pourtant de leur splendeur passée. En 1631, Richelieu avait
fait raser ses remparts et démolir une partie du vieux
château des sires des Baux. Mais vainement sa main de fer
s'était-elle abattue sur la vieille cité. Il n'avait pu, par cette
mesure rigoureuse, transformer, en un jour, cette ville et
changer l'esprit de ses habitants. Six ans après l'exécution de
la sentence royale, les coutumes et les mœurs d'autrefois y
subsistaient dans toute leur force et quand revenait, chaque
année, le jour des fêtes traditionnelles, les réjouissances
publiques qu'elles ramenaient, n'avaient rien perdu de leur
éclat accoutumé.
   On le savait bien dans toute la contrée voisine. Aussi
ces jours-là, voyait-on accourir à ces fêtes de nombreux
spectateurs, venus de Saint-Rémy, de Saint-Gabriel, d'Arles
et de Tarascon, ainsi que de tous les villages environnants.
Ainsi en fut-il, le jour où Paul Salviati et sa jeune femme,
avaient été conviés. Pour répondre à la curiosité publique,
un amphithéâtre en charpente avait été édifié sur la vaste
place, que dominent encore les hautes murailles du vieux
château. Et c'est dans cette arène improvisée, que les luttes,
les pantomimes et les divertissements de toute sorte devaient