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I38                 LES SIRES DE BEAUJEU

entreprenants, et les dépenses faites au service du roi les
privaient de ressources indispensables pour s'y opposer
efficacement. Guichard VI mourut en laissant des dettes
considérables à son fils, que Ton considérait comme ruiné
par les intérêts qu'il était obligé de payer. Pour s'acquitter
d'une partie de ces dettes, celui-ci fut sur le point d'échanger
les terres de Miribel et de Montaney contre deux châteaux
et 30,000 florins. On conçoit combien ce manque d'argent
dut entraver les desseins de Guichard pour reprendre au
dauphin les seigneuries qu'il lui avait cédées après la funeste
bataille de Varey, cession que sa mort, arrivée peu de
temps après, rendit définitive ; et aussi paralyser les efforts
d'Edouard Ier pour défendre Miribel et le recouvrer quand
il l'eut perdu. Le jeune âge des successeurs de Guichard,
leur esprit loyal, les mettaient pour ainsi dire sans défense
en présence de l'astucieuse maison de Savoie, qui ne se
faisait pas scrupule de chercher à s'emparer de leurs biens,
malgré les liens d'une antique alliance et les nombreux
services rendus par leur famille. Bien des circonstances se
réunirent donc pour amener fatalement ce démembrement,
et on ne peut guère en tirer une accusation contre les trois
premiers sires qui en furent victimes.
   Edouard II seul, mérite le blâme pour ses nombreuses
fautes, sans avoir l'excuse d'Edouard Ier et d'Antoine, qui
arrivèrent jeunes au pouvoir. De plus, il s'absenta beau-
coup moins que ses prédécesseurs, et ne fit guère que deux
campagnes en France et encore fort courtes. Il aurait donc
pu et dû mieux veiller sur ses intérêts et mieux déjouer les
intrigues de son adversaire. Mais ce prince n'avait pas
l'esprit de suite nécessaire dans sa situation délicate ; il
paraît n'avoir agi que par soubresauts et selon l'impul-
sion du moment. D'un médiocre jugement, il suivait sesim-