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 128                   LES SIRES DE BEAUJEU

   C'était dès lors le but de cette envahissante et rusée
maison de Savoie d'étendre peu à peu son pouvoir du côté
de la Dombes et ses représentants profitèrent habilement
pour cela de deux circonstances favorables qui se présen-
tèrent en même temps. D'abord Edouard I er et Antoine,
sires de Beaujeu, succédèrent jeunes à leurs pères et tous
deux moururent jeunes. De plus, au lieu de s'occuper
exclusivement de leurs États, ils consacrèrent, à l'exemple
de leurs prédécesseurs, une bonne partie de leur courte
vie à combattre pour le roi de France. Pendant leurs
longues absences, les comtes de Savoie faisaient des avances
aux seigneurs des Dombes, et en décidaient de temps en
temps quelques-uns à se faire leurs feudataires. Ainsi, en
1344, Philibert et Jean de Francheleins, de même que Gui-
chard de Challiouvres, lui rendirent hommage de leurs
biens. L'année suivante, ce fut le tour d'Hugonard de Corant
et d'Etienne Forant, chevaliers. En 1353 Philippe de Juis
et en 1358 Jean de Challes firent de même.
   C'est en s'appuyant sur tous ces hommages que plus
tard les comtes prétendirent, inutilement du reste, s'attri-
buer la souveraineté sur tout le pays. Dans ce but encore


hommage au comte de Savoie, seulement pour les terres qu'il tenait en
Bugey et Valromey, pendant la vie desdits comte de Savoie et seigneur
de Beaujeu. »
   Et les auteurs de ce procès-verbal ajoutent :
   « Ladite pièce est nécessaire pour établir que la souveraineté des
Dombes ne devait pas d'hommage au comte de Savoie, ainsi que
quelques historiens mal informez de la vérité l'ont voulu dire » (Arch.
nation. R4 927, f° 134). Les droits d'hommage que les comtes de
Savoie acquirent plus tard dans la Dombes, furent arrachés aux sires
de Beaujeu par la ruse et par la contrainte, comme on le verra plus
loin.