Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                    LES SIRES DE BEAUJEU                    H5

traints à cet acte parla défaite ou par la menace, ils avaient
intérêt à s'adresser à un seigneur assez puissant pour les
protéger, et en même temps assez modéré pour ne pas les
opprimer. C'était [là, on le comprend, pour ce seigneur,
un moyen sûr autant qu'honorable d'accroître son terri-
toire et d'augmenter sa puissance. Or, c'est ce moyen-là
surtout que nos sires, habiles politiques, surent employer
pour former leur petit État.
    Le Beaujolais était un pays de franc-alleu, c'est-à-dire
 composé en majorité de terres franches de tout droit et de
toute charge, et ne relevant d'aucun seigneur. Quand les
 possesseurs de ces terres se sentaient trop faibles pour
repousser les entreprises d'ennemis puissants, ils remet-
taient leurs terres entre les mains du sire de Beaujeu, qui
les leur rendait aussitôt pour les tenir de lui en fief ; puis
ils lui en faisaient hommage et lui prêtaient serment de
fidélité. Dès lors ils devenaient les hommes de ce seigneur,
qu'ils reconnaissaient comme leur suzerain, et en cette
qualité, ils lui devaient le service militaire et plusieurs
autres droits féodaux qui pouvaient varier selon les condi-
tions consenties de part et d'autre. En retour, le suzerain
leur devait aide et protection en toute occasion.
   En Dombes, aussi pays de franc-alleu, ces hommages
furent peut-être encore plus nombreux, grâce au désordre
où l'avait jeté l'absence de toute autorité supérieure, et
aux compétitions des petits seigneurs entre eux. On com-
prend que, lorsque parut un seigneur plus puissant et plus
modéré que les autres, ceux qui désiraient le bienfait de
la paix, durent se grouper autour de lui pour obtenir sa
protection. Les sires de Beaujeu profitèrent de cet avantage
d'avoir su inspirer confiance par leur esprit de sagesse et de
justice. Ils virent venir à eux ces petits possesseurs de fiefs