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90                       UN LIVRE NOUVEAU

     L'introduction gracieuse de cette satire :

          Fais dodo, mon baby, fais dodo, mon bel ange
          Mon tout beau chérubin, mon bijou, mon trésor,
          Fais dodo, dit la mère à son fils qu'elle endort,
          Tandis qu'il se trémousse et gazouille en son lange.

     Et plus loin :

          Et je tremble pour l'âge où curieux de vivre,
          Avide d'avenir, avide de savoir,
          Ta main d'adolescent pourra saisir le livre
          Que le cœur soulevé j'ai dû lire ce soir.

   N'est-elle pas à notre avis, la meilleure preuve que l'au-
teur se souvient du Maxima debetur puero reverentia de
Juvénal et qu'il est sincèrement révolté en songeant que
plus tard peut-être ses propres enfants seront exposés à
lire ces œuvres nauséabondes et fétides, qu'à l'heure
actuelle trop de libraires, ou plutôt de marchands de livres,
ne se font aucun scrupule de vendre, tant au collégien qu'à
la jeune fille, au plus grand profit de leur caisse.
    L'auteur a terminé sa satire d'une façon qui ne manque
pas d'à-propos, en disant au grand maître de cette littéra-
ture de bas étage :

           Et tu veux des honneurs, quand c'est la soif de l'or,
           Attachée à ton cœur comme une froide pieuvre,
           Qui guidant ta pensée en son cupide essor,
           Seule, à ta main, a pu dicter une telle œuvre

et la chute n'est-elle pas aussi heureuse :

           Ah! Je veux qu'on honore un génial écrivain

mais non ceux qui, — ajoute-t-il, —