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82 L'INDUSTRIE DE LA SOIE trop diminuée. Des progrès continus en matière de science ou d'art doivent être poursuivis, cela est évident; seuls ils ne suffiraient pas. Il y aurait péril à ne pas serrer de près nos adversaires sur le terrain des économies dans la manufacture et des hardiesses dans le commerce, à ne pas être les premiers pour le prix le plus bas, comme on l'est pour le goût le meilleur et le plus moderne. On peut parler de nos fabricants comme on le faisait au xvn= siècle : « L'esprit du marchand (c'est du marchand fabricant d'étoffes de soie que parle d'Herbigny) y règne (à Lyon) plein d'industrie, d'invention et de souplesse, avecq beau- coup d'attachement à son intérêt et d'application aux affaires. » Les fabricants lyonnais font effort afin d'être prêts pour toutes les initiatives et toutes les tâches. Ne l'ont-ils pas prouvé en faisant édifier à leurs frais soixante-dix usines ou en s'en rendant propriétaires, en y faisant battre pour leur compte dix mille métiers mécaniques, dont plus de deux mille cinq cents sont à Lyon même ou aux environs, et cela dans un temps où le capital et le travail n'ont plus chez eux que la marge la plus étroite pour leur rému- nération ? L'ancienne organisation du tissage n'a pas été abandonnée, mais par la force des choses elle est diminuée. La nouvelle grandit, quoiqu'elle apporte à ceux qui l'ont fondée et auxquels on ne contestera plus la qualité d'industriels, plus de difficultés, plus de charges, plus de devoirs, et il faut le dire aussi, plus d'inquié- tudes et de périls. Elle donne d'autre part aux ou- vriers plus de sécurité et peut contribuer à former entre ceux-ci et leurs patrons des liens moins fragiles. L'œuvre se poursuit avec décision, avec vigueur et