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S68                   LE LAC DE PALADHU

  émergent les clochers de Saint-Michel, de Montferrat et
 d'autres villages échelonnés dans le lointain.
    Naguère, à peu près inconnu, formé de quelques miséra-
 bles maisons, habité par une faible population qui parta-
geait son temps entre la culture précaire des champs et les
travaux non plus rémunérateurs de la pèche, le village de
 Paladru a vu s'établir un ou deux bons hôtels, et accourir
quelques bourgeois attirés par la beauté du climat et les
charmes de cette localité. Déjà aussi quelques villas de
plaisance y ont été édifiées, et les anciens canots creusés dans
un tronc d'arbre, comme ceux des Indiens, sont remplacés
par des bateaux et même par des gondoles élégantes.
   A ces avantages, il faut ajouter que les eaux du lac sont
douces, onctueuses et d'une agréable chaleur. Les hôteliers,
en gens bien avisés, ont mis à profit ces diverses propriétés ;
ils ont placé quelques cabines sur les rives, à proximité de
leurs établissements ; et malades et bien portants se plon-
gent avec délices dans ces ondes privilégiées. Ces cabines
sont d'assez modeste apparence , il est vrai, mais elles
suffisent pour le moment.                                 •
   Les habitants des bourgs circonvoisins viennent à Paladru, t
autant pour s'y livrer aux charmes du bain et de la prome-
nade, aux plaisirs de la pêche et de la chasse, que pour ap-
précier par eux-même la saveur en même temps que la
variété des poissons de ce beau lac.
    Le lac de Paladru est une des plus vastes nappes d'eau qui
soient en France.Elle a 5,000 mètres de long sur 1,800 à 2,000
 de large ; sa hauteur est de 494 mètres au-dessus de la mer.
 D'une extrême limpidité, très-profonde, surtout fort poisson-
 neuse, elle est alimentée par les eaux qui proviennent des
 coteaux voisins, par les étangs et les marais de Valencague
 et parles nombreux ruisseaux qui s'écoulent de Saint-Pierre,
 de Saint-Michel et de la Véronnière. Son trop-plein entre-
 tient la Fure, qui tout le long de son cours donne l'activité
 et la richesse à de nombreuses usines, avant d'aller se join-
 dre à l'Isère près de la ville de Tullins. La Fure, on le voit,