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476                          LITTÉRATURE

Suit dans un char léger la route triomphale,
Lui, près de sa maîtresse, avec faste il s'étale,
Se donne de grands airs, et vante à tout propos
Le train de sa maison, sa table et ses chevaux.

     Qui ne serait tenté d'écrire en pleine rue,
A voir six grands gaillards sur leur épaule nue
Charger la chaise longue où s'étend sur un lit,
Comme ferait Mécène (1), un scélérat maudit,
Qui par des faux nombreux, de coupables empreintes (2),
S'est fait un sort splendide, exempt de toutes craintes.

     Une auguste matrone arrive devant nous :
Au vin que, pour la soif, elle offre à son époux,
Elle a mêlé des sucs choisis pour s'en défaire.
Plus forte que Locuste (3), à ses sœurs, à sa mère
Elle apprend le secret d'enterrer un mari,
Du public, de l'honneur, sans se faire un souci.

     Ose un forfait bien noir, et digne de Gyare (4).
Digne de la prison qu'aux bandits on prépare,
Tu seras quelque chose. On vante la vertu,
Mais elle se morfond. Au fait, qu'en ferais tu ?
Au crime, les grands parcs, les palais, les dorures,
Vaisselle d'argent fin, coupes à ciselures !

    Mon sommeil est troublé du cauchemar hideux
D'épouses sans pudeur, de fils incestueux,
D'enfants déjà souillés do plus d'un adultère.


  (1) Il affectait la mollesse.
  (2) De faux cachets.
  (3) Empoisonneuse célèbre sous Néron.
  (4) Ile de la mer Egée, lieu d'exil pour les criminels.