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36                        THIERRIAT

  n" 15, vieille maison d'une noble simplicité, et l'infério-
  rité du nouvel édifice sera flagrante.
     Cette communauté de vues entre M. Saint-Olive et
 Thierriat s'est traduite chez le premier par de charmantes
 études archéologiques, et chez le second par des dessins
  et des peintures de sites aujourd'hui disparus.
    Thierriat avait vendu de belles aquarelles de fleurs à
 son vieil ami Alexis, élève comme lui de Revoil, et leurs
 relations d'amitié remontent à cette'époque. Alexis, con-
  traint pour vivre de suspendre le cours de ses études
 artistiques, ne s'en était jamais consolé "et avait conservé
 pour l'art un goût très-vif. Aussi toutes ses économies
 d'ouvrier-graveur étaient-elles consacrées à l'achat de
dessins, de peintures, de belles gravures. Il est regretta-
 ble, en effet, qu'Alexis n'ait pu continuer ses études, car
 il était admirablement doué. Mais il ne rencontra pas, dans
 sa jeunesse, un professeur assez bienveillant pour lui
 donner des leçons gratuites, comme le fit plus tard Thier-
riat pour plusieurs de ses élèves. J'ai d'Alexis des lettres
 et des suscriptions à la plume exécutées à plus de soixante
 et dix ans, et qui sont d'un fini tellement précieux que
 l'esprit reste confondu devant cette merveilleuse adresse
 de main. Toute une vie d'économie et de privation lui
permit de réunir la belle collection dont une partie s'est
 vendue après sa mort, et de ramasser en outre un petit
capital qui le fit vivre honorablement. Cependant, à
une époque de sa vie, il abandonna soudain toutes ses
habitudes d'économie. A soixante et dix ans, il devint
amoureux d'une belle veuve et déploya pour lui plaire
un luxe inusité. Bottes, chapeaux neufs, linge fin, vête-
ments dans la dernière coupe, montres, chaîne, bijoux à
sa bputonniëre, diamants à sa chemise et à ses doigts,
rien ne fut épargné pour captiver sa belle ; mais, hélas,