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312 LA RUE DE PAZZI
avecCamilla Caffarelli, de laquelle François I'azzi était
amoureux. Mille circonstances nourrissaient de jour en
jour ces dispositions^fà cheuses : l'élection des magistrats,
la faveur populaire et les acclamations.
François, indigné du triomphe de ses rivaux, avait quit-
té son pays et pris l'emploi de trésorier du pape. Il trouva
dans le palais pontiiical un ennemi déclaré des Médicis:
c'était un neveu de Sixte IV. (1), le comte Jérôme de la
Rovère, qui les accusait de l'avoir entravé dans plusieurs
de ses projets. Pazzi, charmé de rencontrer un homme
puissant dans les mêmes dispositions que lui, n'oublia
rien pour l'aigrir encore davantage et l'exciter à la ven-
geance. Après s'être assuré du secours du pape et du roi
de Naples, ils convinrent que le seul moyen de venger
leurs injures personnelles consistait à faire assassiner les
deux frères, en les attirant à la campagne. Le comte de la
Rovère avait un neveu de son nom qui venait d'être nom-
mé cardinal : on pensa que s'il allait passer quelque temps
dans une villa, près de Florence, les Médicis ne pour-
raient manquer de lui faire une visite, et que dans un
festin qu'il jleur donnerait, des soldats déguisés en valets
les poignarderaient.
Le jeune cardinal se rendit à la maison de campagne
susdite; mais il arriva que Julien ne put accompagner
son frère Laurent. Les conjurés remirent donc l'exécu-
tion de leur projet au dimanche suivant. Le cardinal
officia pontificalement et l'élévation de l'hostie fut le
signal pour massacrer les deux frères Médicis. Etienne
Bagnoni, prêtre, et Antoine Maffei furent chargés de
frapper Laurent, tandis que François Pazzi et Bernard
(1) Sixte IV gouverna l'Eglise de 1471 Ã 1484.