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86                             POÉSIE

     Et recherche un appui vers l'auguste déesse.
     Ce groupe ingénieux, cet imposant labeur
     Aura-t-ilun regard des juges en fureur?
     On transporte au conseil la balance factice...
     « Inclinez-vous, tyrans, car je suis la Justice ! »


     Ces fils de la Terreur, injustes et cruels,
     Répètent à l'envi leurs bravos mutuels !...
     Le sculpteur est sauvé, l'art triomphe du crime.'
     Le martyr a vaincu le démon qui l'opprime !


     La paix, l'ordre ont enfin reconquis leurs autels.
     L'histoire a consacré nos succès immortels.
     Chinard reste à Lyon, professeur de sculpture;
     Mais les nobles élans de sa riche nature
     Ne lui permirent pas ce repos apparent.
     Artiste sérieux, actif, persévérant,
     Il fit divers travaux, d'un signalé mérite ;
     La grâce et la vigueur y régnaient sans limite :
     Des maréchaux, des rois, la Paix, Castor, Brennus,
     Un aigle en marbre blanc, un colossal Janus,
     Têtes des Phocéens Pithéas, Entimène,
     Les Muses, Terpsichore, Erato, Melpomène.
     Nous avons saint Pothin, l'agronome Rozier;
     A l'arc du carrousel est un carabinier.
     Chinard eut son palais, enceinte académique ;
     Il le fit établir dans une église antique,
     Le couvent de Loretfe, asile aux chants sacrés,
     Et d'où venaient de fuir les moines effarés.
     Le saint temple est déchu, les offices du culte
     Ont fait place au travail, aux chansons, au tumulte.
     Des élèves actifs, jeunes, insoucieux
     Font entendre leurs ris, leurs mots facétieux,
     Et les coups redoublés des ciseaux sur la pierre,
     Façonnant un Amour, le consul, Robespierre.