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                         POÉSIE.    .                    87
Témoignage éternel de l'avenir humain !
Les jours purs n'ont souvent qu'un affreux lendemain !
La nef a disparu, le sévère édifice
N'a plus de l'Homme-Dieu le divin sacrifice,
Les cris vociférants des vils agitateurs,
Ni les refrains joyeux de nos futurs sculpteurs.
On ne voit aujourd'hui qu'un bâtiment vulgaire.
Au négoce, au trafic, l'aigle a cédé son aire...

 Le célèbre Chinard commençait à vieillir ;
 Il ne lui restait plus de lauriers à cueillir.
 Les chagrins, la fatigue ont courbé ce beau chêne ;
 Sur lui lèvent d'hiver arrive et se déchaîne.
 La mort le surprendra dans ses derniers projets.
 Embryons mutilés, fantastiques sujets,
 Empereurs, vice-rois, célébrité princiôre,
Vos humbles piédestaux sont l'herbe et la poussière!
 Chinard avait acquis un enclos ombragé,
 Oasis salutaire à l'art découragé.
Du plateau l'on voyait une riche campagne,
Et le jardin descendre au flanc de la montagne;
 Son tapis sinueux, émaillé, verdoyant,
Répandait des senteurs dignes de l'Orient.
Sur la crête du mont sa villa fut assise.
A. droite est un rocher,- rocher de Pierre-Scise ;
A gauche est un tombeau, celui des Deux-Amants;
 Tout'autour, des vallons et des sites charmants.
Cet étrange atelier, ce parterre exotique
Furent l'ensemble heureux d'un contraste artistique ;
Eden de poésie où l'on pouvait unir
Les siècles reculés, le présent, l'avenir.
Mais l'artiste, au déclin, vaincu par la souffrance,
Se résigne à la mort... 11 n'a plus d'espérance !...
Parmi ces bois, ces fleurs, dans les sentiers ardus, .
Bustes et bas-reliefs sont partout répandus :
Ici, c'est un Esope, au grimaçant sourire,
Entouré de Vénus, de Flore et de Zéphire ;