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38                       THIERRIAT

Guindrand surtout ; mais les bornes de cette notice ont
été dépassées et je dois m'arrêter.
   Le 2 avril 1870, Thierriat assista, depuis dix heures du
matin jusqu'à six heures du soir, à la loterie organisée en
faveur de son ancien élève, le peintre Carrey, par la géné-
reuse initiative de M. Paul Grand, l'ami des arts et des
artistes, et comme M. Guimet, bien digne de sa grande
fortune par le noble usage qu'il en fait. A cette loterie,
Thierriat gag-na son médaillon en terre cuite par le sta-
tuaire Textor, mais il rentra brisé, affamé, et en rapporta
le soir un refroidissement qui l'obligea de se mettre au
lit. Son médecin, M. le docteur Chavanne, ne se trompa
point sur la gravité du mal et le combattit courageu-
sement , mais en vain. Je n'en fus averti que huit
jours après, et lorsque je vis mon père assis dans son
fauteuil, je fus effrayé de son état, mais je comptais
encore sur sa bonne constitution. Néanmoins, à dater de
ce moment, lui-même ne se fait plus illusion. Il emploie
les derniers jours de sa vie à me donner une foule de
conseils sur ses affaires. Il reçoit assez gaîment la visite
des docteurs Chavanne et Pomiès réunis en consultation,
et leur fait même ce jeu de mot : « Messieurs, j'ai été dans
 « ma jeunesse un demi-gone de Lyon, mais aujourd'hui je
 « suis un octogone ». Le docteur Chavanne me déclare
 que mon père n'a plus qu'un jour ou deux à vivre ; qu'il
 est atteint d'un engorgement de caillots de sang, dit poly-
 pes du cœur, et qu'il ne faut plus conserver d'espoir. J'en-
 voyai alors chercher le vénérable M. Moyne, premier vicaire
 de Notre-Dame-Saint-Vincent, qui vint lui donner l'Ex-
 trême-onction et auquel il dit ces remarquables paroles :
 — « Monsieur le vicaire, j'ai toujours pensé que plus on a
 « reçu de Dieu, plus on doit à ses semblables et c'est dans
 « cette pensée que j'ai vécu — ». Puis il voulut lais-