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LA FONTAINE DU DIABLE. 317 ment... Notre amour était alors à son aurore; mais moins ardent qu'aujourd'hui, je le sens bien! — Madeleine, tes paroles sont remplies de douceur et d'amertume, tout à la fois... Il faut que tu vives, ma bien-aimée, ou nous partirons ensemble !... — Ah ! si cela était possible, le ramier suivrait la colombe, ou plutôt l'aigle accompagnerait la fauvette... Dans le ciel, mon beau fiancé, nous serons l'un à côté de l'autre et nous ne nous quitterons plus... VIII — Nourrice, apporte des fleurs plus fraîches, plus odo- riférantes que jamais, pour orner la chambrette, et sèche tes larmes... Voici le grand jour !... La pauvre Yvonne retenait ses pleurs avec peine. — Mes bons compatriotes , j'ai une prière à vous adresser, ajouta Madeleine de Faventines : vous empor- terez mon cadavre à Valence... Je veux dormir dans mon pays, y dormir mon dernier sommeil ! Exaucez-moi, je vous en prie !... Et son regard si pénétrant allait de Joseph à Yvonne, et d'Yvonne à André, pour chercher une réponse à ses vœux de mourante. — Vous le ferez!... je le devine, je le comprends!... Oh! merci, mes Valentinois... Joseph! tu planteras sur ma tombe ces violettes que j'ai tant aimées et que nous allions chercher dans les prairies de Faventines, puis, des pervenches, que tu appelais quelquefois : Mes yeux! C'étaient mes fleurs chéries, avec les petits muguets blancs que nous trouvions dans les bois de Bressac... Il me semble encore respirer les odeurs agrestes, ces par-