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                    LA FONTAINE EU DIABLE.                 307

 fuie, pour vivre de son travail, dans une grande ville, je
 ne sais laquelle, pour y mourir, peut-être alors que je la
 demande nuit et jour, alors que j'appelle mon enfant, ma
"fille bien-aimée, celle que j'ai nourrie, celle que sa mère
 m'avait confiée en mourant !...
     Monsieur Joseph est fou de douleur... il ne peut par-
donner à Madeleine d'avoir douté de lui, en ne lui confiant
 pas ses projets.
    Mais la jeune fille est si noble, si fîère, qu'elle a voulu
aller au loin pour cacher sa triste position. Jusqu'à
ce qu'elle soit retrouvée, et comment ?.. c'est le secret de
Dieu!., je n'aurai point de repos jamais, ni ton vieux
père...
     Tâche, mon fils, de nous aider dans la découverte... je
connais assez l'affection que tu portes à notre chère en-
fant, pour compter sur ton dévoûment envers elle.
    Adieu, nous t'embrassons tous, ton père et moi, du
plus profond de notre âme.
                                        YVONNE.


   — Ah! Madeleine... ah! ma sœur !... s'écria André,
en tombant à genoux et en se tordant les bras... Mon
Dieu! Madeleine !... Madeleine !...
   Jean Goujon s'avança, ému, prit cette blonde tête déso-
lée entre ses mains généreuses...
   — Lisez, maître, je vous en conjure !..
   — Pauvre enfant, dit le grand artiste, moi aussi, je
ferai des recherches ; mais croyez-moi, ayez du courage,
et allez de ce pas chez madame Diane de Poitiers, lui ra-
conter votre malheur ; elle est toute puissante ; elle
avisera.
   André essuya ses yeux noirs et courut au palais du roi.
11 avait ses grandes et petites entrées auprès de la du-
chesse. N'était-il pas son protégé depuis longtemps ?
   — Qu'as-tu donc, mon fils ? s'écria Diane, tu es vrai-
 ment tout bouleversé!
   Le jeune homme montra la lettre.