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LA FONTAINE DU DIABLE. 305 groupe de petits amours. — Parmi ses élèves, un sur- tout, qu'il regardait souvent, attirait l'attention. C'était un charmant jeune homme, dont la tête fine et intelli- gente était gracieusement couronnée de boucles blondes, sur lesquelles une toque de velours noir, posée un peu de côté, par une gentille habitude, faisait sourire le maî- tre. Ses meilleures paroles, ses plus doux encouragements allaient vers ce Benjamin. Lorsqu'il avait dit : — Je suis content de toi, André; • le jeune homme était dans — l'enivrement et travaillait de plus belle. C'est qu'il avait la main heureuse, le favori ! Ses œu- vres étaient admirées de tous, du roi comme de madame Diane de Poitiers, et personne ne murmurait ; les com- pliments étaient justes, ne tombant jamais sur une per- sonnalité médiocre. Et puis, quel joli caractère! toujours riant, chantant toujours... il chantait des ballades dau- phinoises, en souvenir du pays natal... — Chantez donc, Àndré-le-Blondin, — car nous vous avons reconnu ; — chantez, de votre voix mélodieuse... Sur la terre, le* pleurs viennent toujours assez tôt !.. Mais voici qu'un étranger, porteur d'une lettre, arrive auprès de Jean Goujon... Elle n'est pas pour lui, mais pour André... — Qui donc peut m'écrire?.. Ah! c'est de Valence, n'est-ce pas, bonhomme ?.. — Oui, messire., le comte de Bressac, venant à Paris, a bien voulu se charger de cette missive: et moi, commis- sionnaire, j'ai été envoyé auprès de vous, pour vous la remettre. — Merci de grand cœur... Tenez, pour votre peine... — Oh! vous êtes bien généreux, messire! que Dieu vous récompense ! — La lettre était ainsi conçue : 20