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                DEUX ÉMEUTES AU XVIII e SIÈCLE.                285

vu qu'on tirait à bout portant, sur une foule immense amoncelée
dans une rue étroite, que depuis ce moment ces furieux et la foule
qu'ils repoussaient se retirèrent sur le quai du Rhône; où seassap
le plus grand désordre et où plusieurs individus furent refoulés
jusque dans le Rhône et s'y noyèrent.
    Ceux qui ont vu l'émeute de 1744 prétendent que celle-ci a
été plus dangereuse et plus sanglante; il y a eu plus de trente
hommes lues et vingt-huit coupables arrêtés. Je supprime d'au-
tres circonstances dont le papier ne souffre pas le détail, ainsi
que tous les commentaires qu'on fait et débite sur les causes de
cette révoiîe. La ville a été tranquille le lendemain.
    11 paraît que comme on avoit destiné une salle à côté de IÉ'-
cole de chirurgie à recevoir momentanément un certain nombre
de mandiants vagabonds ; sur les plaintes qu'ils faisaient enten-
dre la nuit, le peuple s'était imaginé qu'on les écorchait. Est-
ce là le motif ou le prétexte ? C'est ce qu'on ignore. II y a comme
on s'y attendait conflit de juridiction entre le lieutenant criminel
 et le lieutenant de police.
    Du 30 décembre. Le jugement du présidial relaté à l'affaire de
 l'émeute a été porté à la procédure du chancelier ; on croit qu'il
 n'y aura qu'un cas de mort et un cas de galères. Le dimanche
 avant Noël, il y eut encore un petit mouvement entre les pen-
 sionnaires du collège et les polissons du quartier; ils se batti-
 rent à coups de pierres sur la place du Collège même, où on les
 fait passer pour aller à,vêpres. La querelle a été calmée de
 suite; mais on assure que le fanatisme populaire est tel que les
 RR. PP. capucins du Petit Prez sont venus avertir le P. Lan-
 glade, de l'Oratoire, qu'ils savaient, par la voie de la confession,
 qu'une grande partie du peuple est imbue de l'idée que les orato-
 riens cachent chez eux un prince à qui il manque un bras, et
  que tous les soir on arrête autour du collège des enfants aux-
  quels on coupe un bras pour l'essayer au prétendu prince.
     Le père Langlade, dont il est question dans ces notes, supé-
  rieur de l'oratoire, quitta Lyon en 1769, et cette année le collège
  de médecine revendiqua la salle des opérations, dépendante des
  bâtiments du grand collège.                MOREL DE VOLEINE.