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                  LES BEAUX-ARTS A LYON.                  249

Ecoutons Soufflot, en 1744 (1) parlant du goût en archi-
tecture :
    « Il est une chose à laquelle, pour le malheur de notre
siècle, on ne donne que trop le nom de goût, je parle de
cet enfant de notre amour pour la nouveauté, enfant
monstrueux dont les ouvrages ne furent de tout temps
que trop funestes aux arts. Ses extravagantes produc-
tions ne lui paraissent belles qu'autant qu'elles s'éloi-
gnent de la nature ; cette symétrie puisée dans la belle
correspondance des parties du corps humain, chérie des
Grecs, des Romains et des habiles gens qui, en Italie et en
France, ont travaillé sur les principes des Anciens, il la
regarde comme froide, ennuyeuse et même insupportable.
Cet usage de faire porter le faible par le fort, d'observer
les lignes horizontales et perpendiculaires, comme des
bases du vrai beau, il le regarde comme abusif et comme
resserrant son génie dans une carrière trop étroite. Rien
n'est beau à son gré s'il n'est de travers. Cette sage et
riche simplicité, ces proportions si estimées auxquelles
des bâtiments étaient autrefois redevables de leur beauté,
cette belle exécution qui frappait nécessairement, il les
méprise dans un édifice qui n'est pas chargé de tous les
colifichets qu'autrefois on osait à peine hasarder dans les
boisages où on pourrait d'autant moins les risquer, qu'on
doit regarder ces décorations comme des meubles sur les-
quels on peut bien se donner plus de licence          Le vrai
beau en architecture n'est point un assemblage bizarre d'or-
 nements, de parties autrement riches et extraordinaires :
 c'est une parfaite disposition des parties les plus connues.
 Ces parties sont toutes connues et leurs proportions assez

  (1) Mémoire daté de septembre 1744 — compris sous le n» 959
du catalogue de Delandine,