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POÉSIE. 243 Le tricorne gentil, dont se coiffaient nos pères, De l'époux abritait les nobles cheveux blancs. Boucles aux fins souliers, — boucles aux jarretières ; — Habit à la Française étalé sur ses flancs Œil bleu si doux, sous ses paupières ! « Le siècle avait deux ans » lorsque nos vieux amis De mes parents aimés amusaient la fillette, Donnant vie a,ux vapeurs, — éphémères semis, De la plaine éthérée, —et d'une historiette, Egayaient ses regards ravis. Oui, certe! il m'en souvient, — j'en ai douce mémoire, Qu'il m'est bon quelquefois de revoir mon histoire ! III Mais où donc suis-je allée, en mon vieux souvenir ? De mon ciel dauphinois je disais les nuages, Doux cirrus; — cumulus ;— parlant de l'avenir, Et mandant jusqu'à nous les gracieux présages Des biens dont Dieu veut nous bénir. D'aucuns me railleront, me trouvant fort peu sage ; Il diront que nos deux, sombres et menaçants, Nous apportent aussi l'impitoyable orage, Qui sévit furieux, et nous laisse impuissants Contre son implacable rage. Oui, certes î j'en conviens, — quelquefois à nos yeux, Apparait la nuée, ignée et ténébreuse, L'éclair trace sa voie, et la foudre en ses jeux Gronde, se roule, éclate, — et tombe furieuse, Sur les plus étranges milieux, Mais Dieu sait ce qu'il fait quand il mande l'orage, Qui chasse de nos vais les miasmes impurs ;