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232 BIBLIOGRAPHIE. « sauvage et qui, saus s'en douter, sont tout simplement su- « blimes. « Une partie de sa vie se passa près de la mienne • encore• « enfants toutes deux, nos âmes se mêlèrent daus un grand acte « religieux. Cette union, cimentée devant Dieu, entre la petite « paysanne et l'enfant plus élevée selon le monde, ne fut jamais « brisée. « Quand, mariée, je m'éloignai du pays, et que, plus tard « encore, les événements et les malheurs m'eurent séparée à « tout jamais de ce cher coin de terre où je laissais une partie « de mon cœur, comme l'hirondelle qui revient une fois au « moins au nid natal, je m'échappai une fois aussi vers la de- « meure maternelle, et près de là , toujours où je l'avais laissée, « je retrouvai cette sœur d'un jour. « Aujourd'hui il me semble bon de retracer simplement sa « triste histoire, et de faire revivre, autant qu'il est en moi, cette « douce et mélancolique et charmante image qui flotte toujours « au milieu des mirages ou des rêves disparus de ma jeunesse, « comme un de ses plus frais et de ses plus pénétrants souve- « nirs. » Vous avez, en ces quelques lignes, l'avant-goût et comme le spécimen de tout le livre ; la forme en est charmante, et le fonds, sans aventures et sans artifice, saisit et émeut comme tout ce qui est simple, c'est-à -dire vrai. Si vous avez le goût délicat, ouvrez Rousou]; vous en achève- rez sûrement la lecture, et vous verrez que rien n'y dément ce gracieux préambule. Aimez-vous la nature? Marie Sébran la sent avec l'âme d'un poète ei elle la rend avec un merveilleux pinceau, non-seule- ment dans ses harmonies générales, mais dans ses nuances les plus délicates et les plus variées. Le murmure des bois, le ga- zouillement des oiseaux, le tintement de \'Angélus, la goutte brillante de rosée, le bria de mousse que le pied foule, la petite fleur qui se caehe sous l'herbe, tout vit et tout charme dans le cher coin de terre où se déroule la touchante histoire de Rousou.