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ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. 133 En ce temps-là , raillants et forts acquéraient l'estime générale. Une immonde canaille, toujours prête à fuir de- vant l'ennemi,ne leur jetait pas à la face, quand ils étaient malheureux, les mots de traîtres ou de lâches, ils allaient de l'avant, sans regarder derrière eux, méprisant la calomnie. Non pudieron las traiciones De muchos manchar su fama, Que contra la infamia de aquellos El Cielo se la limpiava. (1). Bien loin de songer à faire litière et à s'enrichir des mal- heurs de la patrie, ses fils respectueux et soumis savaient souffrir en silence, prêts, au besoin, à combattre et à mou- rir pour elle. Quel peuple! quel caractère! Quelle fermeté et quelle constance dans les revers ! Durant huit grands siècles, il a lutté contre le Maure et a fini par le rejeter, vaincu, dans les sables brûlants d'où il était sorti. Invin- cible et indomptable dans ses revers, nous l'avons vu, de nos jours, lutter, sans se laisser abattre par la force et le nombre, contre le gigantesque conquérant qui tint un mo- ment l'Europe étreinte dans ses serres. Alarma.' alarma! sonavan Los pifanos y atambores ; Guerra ! Fuego ! Sangre ! dizea Sus espantosos clamores (2) Es una fiera gente que la de Espana.' Que quanto à pechos non empresa toma Los trimble el mar, la muerte los estrana ; Diga Numaneia que je cuista à Roma ! (1; Ce n'est pas qu'il manquât de traîtres pour essayer d'entacher leur réputation, mais le ciel se chargeait de les laver de ces infamies. (2) Aux armes ! aux armes ! sonnaient les fifres et les tambours, guerre ! feu et sang! disaient leurs épouvantables clameurs. C'est une fière nation, que celte nation espagnole ! quand ils se mettent à entreprendre quelque chose, la mer tremble devant eux, la mort les fuit. Numance est là pour dire ce qu'elle coûta à Rome. (Et Saragossc?)