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444                      LE MYTHE 1)'[0.

les familles se divisent,s'éparpillent;puis le rapprochement,
 la fusion des traditions locales et particulières, en vertu
 de ressemblances plus ou moins profondes, à mesure que
 les peuples se rapprochent, se mêlent et mettent en com-
 mun leurs idées. L'unité était à l'origine, elle se retrouve
 à la fin.
    Pour le mythe d'Io en particulier, il paraît évident que
 la marine phénicienne a été grand agent de cette fusion.
 Nous ne sommes pas compétent pour décider si Bochart a
 raison de faire d'Inachus la personnification du peuple des
 Ben-Enak ; nous ne dirons pas comme Bottiger (1), que la
jalousie d'Héra contre la jeune Argienne exprime en lan-
 gage mythique la lutte de deux cultes, les efforts de la
 grande déesse grecque pour renverser les autels de la divi-
 nité phénicienne. C'est à notre sens trop préciser et trop
 aifirmer. Les Phéniciens n'apportaient pas en Grèce seule-
 ment leurs propres idées, mais les idées avec les marchan-
 dises de l'Egypte, comme le vaisseau dont parle Hérodote.
 Ce qui prouve toutefois que les Phéniciens eurent une part
 dans la formation du mythe, c'est que de bonne heure
 leur dynastie nationale fut rattachée à la souche d'Io , du
 moins dans les traditions grecques. Le Phénicien Àgénor
 est petit-fils d'Epaphus. Par ses fils Cadmus et Cilix cette
 race féconde règne en Cilicie et à Thèbes comme en Phé-
 nicie, en Egypte, en Argolide. Ce ne sont point là des in-
ventions alexandrines. La fable des Phéniciennes d'Euri-
pide roule en partie sur ces traditions. Le chœur composé
de jeunes filles envoyées de Tyr à Delphes pour être con-
sacrées au cuite d'Apollon signale à plusieurs reprises
cette parenté de diverses branches de la famille d'Io, et
invoque son aïeul Epaphus (2). On peut s'étonner qu'une
 (1) Kunstmythologie, II, pages 14 et suiv.
 (2) Euripide. Phénicienne'!!. 247,877.