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DIVAGATIONS. 55J3 rieurs en lumières, en talents et en fortune! Dans d'intolé- rantes et intolérables discussions théologiques, vous ne cher- cheriez pas de tristes motifs pour bannir de vos prières, de vos aumônes et de voire sympathie civique des compatriotes qui nediffèrent avec vousque par quelques points de croyance, et vous trouveriez autre chose que de la haine pour vos frè- res dans une religion divine qui commande l'amour pour tous ! Vous n'attenteriez pas si inconsidérément dans vos propos à l'honneur des femmes vertueuses, ainsi qu'à la probité des gens de bien ! Enfin,-la diplomatie ne risquerait pas de dire ce qu'elle pense et de tomber dans le gouffre épouvantable pour elle nommé la franchise, si elle se réfu- giait sans cesse dans le double abri de la pluie et du beau temps, thème qui ne saurait la compromettre, terrain où elle ne glisserait certes pas. Puis, de combien de charmants dialogues la pluie et le beau temps ne sont-ils pas l'exorde? Ce sont comme les deux pre- miers arbres d'une avenue qui vous conduit parfois à de ra- vissants jardins, pleins de fruits et de fleurs. Qui n'a pas de douces relations dont l'origine remonte à ces premières et simples paroles! M. ou Mme, quel beau temps il fait aujour- d'hui, ou quelle affreuse averse ! Ces mots furent le passe-partout au moyen duquel on en- tra dans leurs bonnes grâces; le premier pas fait dans une cordiale et franche intimité , on s'extasia ensemble sur un beau temps, ou bien on se plaignit en même temps detopfolie, et l'on a dû peut-être son meilleur ami à la pluie et au beau temps ! Ah ! plus j'y songe, plus je suis persuadé qu'en engageant la plupart des hommes à ne parler que de la pluie et du beau temps, non-seulement je fais bien de leur donner ce conseil, mais encore qu'eux-mêmes feraient mieux de le suivre. i. PETIT-SENN.