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LETTRES INÉDITES. 493 beaucoup d'habiter sous le môme toit... je n'ai point changé d'opinion sur le séjour à la campagne l'hiver, et je le préfère- rais en cetlesaison. Ainsi je ne puis que vous encourager clans votre projet. Je ne pense pas cependant que Cogny soit peu agréable pour ia promenade. L'inégalité du terrain, et la diversité des eultures amènent des sites agréables et des points de vue pittoresques. Il n'y a rien de si fastidieux que les pays plats. Si vous n'avez pas brûlé tout ce joli bois qui domine le coteau derrière votre maison, il vous offre dans tous les temps un but de promenade et un abri philosophique fort joli.»Ne calomniez donc pas votre champêtre asile, où vous avez d'ail- leurs tant de ressources pour abréger les longues soirées d'hiver. Quel plaisir j'aurais à vous y aller surprendre un soir, sous une pluie comme celle du 5 décembre 1790, époque de mon dernier voyage. Je crois que vous seriez (enté de me prendre pour un voleur et de m'abandonner à vos chiens pour nourriture. Je vous remercie de m'avoir rassuré sur les derniers évé- nements de Lyon, qu'on avait cherché a nous faire envisager ici d'une façon-très-effrayante. Heureusement je ne m'épou- vante pas aisément et j'attends toujours de me voir sûr des choses avant de m'effrayer. Plut à Dieu que je pusse amener ma tante à ce système ! De tous lés arrêtés que vous me nom- mez je ne connais personnellement que ce brave ?*. D... de la Capilation et cette digne Mlle Bertrand, de Pau, et je les crois tous les deux fort éloignés de faire une contre-révolu- tion. Il paraît qu'on a été bien vile dans cette affaire, que le régime anti-thermidorien n'aurait pas conduite autrement. Je sais qu'ils ont couru de grands dangers sur la route et qu'ils ont manqué d'être écharpés dans plus d'un endroit, de plus ce triste voyage fait à leurs frois leur a coûté à cha- cun plus de cent louis de numéraire, ce qui est une somme énorme, et vous conviendrez que tout cela est un peu dur