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                     LA PAME AUX BÊTES.                    451
transporter deux des oiseaux de la cage dans la volière ;
ce terme moyen ne put aboutir : le ministre, qui se défiait d'un
duo à l'égal d'un quatuor, partit incontinent.
   La Dame aux bêles, incorrigible dans sa manie, s'émut fort
peu de l'humeur de ceux qui ridiculisaient ses penchants ; et
sans cesse partageant son existence entre ses visites aux dif-
férents animaux qui peuplaient son domicile, elle vécut de lon-
gues années et mourut aux chants de ses oiseaux , aux rou-
coulements de ses pigeons , aux bêlements de ses moutons,
en laissant sa fortune à son neveu, à la condition expresse
qu'il compterait, chaque année, quatre mille francs à sa gou-
vernante, laquelle, de son côté, serait tenue de lui représenter
sa ménagerie au grand complet avec le môme nombre de
bêtes existantes à son décès.
   Il y a trente ans qu'elle n'est plus, et cependant la domes-
tique trouve le moyen d'offrir, chaque année, au neveu, tous
les individus qui se trouvaient vivants chez sa tante alors
qu'elle mourut. Comme le phénix, ces animaux sembleraient
renaîlre de leurs cendres, si le remplacement des morts par
les nouveau-nés de chaque espèce n'expliquait ce phéno-
mène de vitalîté.
                                         J. PETIT-SENN.