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382 CHRONIQUE LOCALE. Un nom ! mais c'est tout ! demandez aux Luxembourg ou aux Créqui. Le congrès a, du reste, été fort indécis pour savoir si on devait laisser marier les cousins-germains, et les fous va- guer en liberté. A part ces points insignifiants, tout le monde a été d'accord; surtout d'accord pour recommencer l'an qui vient. Tous les billets sont déjà pris. A côté du congrès, où plutôt en dehors du congrès, un dîner célèbre a eu lieu. Un cuisinier à grande réputation avaitprêté sas fourneaux, l'Ecole Vétérinaire avait fourni les plats de résistance, la terre, les fleuves et les mers le sur- plus ; des réclames, des affiches et des convocations avaient été faites. Mais, sur 150 invités, trente seuls ont été fidèles au rendez-vous, et, nous devons l'avouer, nous qui y étions, le festin solennel a été une déception. Non sous le rapport des mets qui étaient délicieux, non quant à la question de savoir si la viande de cheval peut ou non être servie, tant de gens en consomment à leur insu!!! mais quant à l'idée-mère qui n'a pas été comprise même par-un certain nombre d'invités. Les uns s'apitoyaient sur le triste sort des pauvres che- vaux si doux, si bons, si élégants, comme si les agneaux, les pigeons et les chevreuils manquaient de douceur et d'é- . légance; d'autres pensaient aux maladies du cheval, comme si les compromettantes infirmités du porc empêchent de faire des saucissons et des côtelettes; d autres trouvaient que manger du cheval est ridicule, le mot les impressionnait, et pourtant on savoure les escargots et les huîtres; d'autres enfin déclaraient que c'était folie de tuer un carrossier de 3,000 francs, quand on a un bœuf pour 100 écus, comme s'il avait jamais été question d'autre chose que de laisser reposer les chevaux hors d'âge pour en tirer un parti qu'on n'obtient pas quand ils périssent de vieillesse, de misère et de mauvais traitements. Il n'y avait là rien d'impossible ou de ridicule. Un cheval reposé et abattu sous la surveillance des inspecteurs peut fournir 200 kil. à la consommation. Le dîner hippophagique n'avait pas pour but de deman- der qu'on remplace à tout jamais dans les boucheries le bœuf par le cheval. Il voulait qu'on reconnût que la viande de cheval est saine et même, dans de certaines conditions, agréable, et dès-lors, qu'ayant le courage de leuf opinion, les bouchers missent ostensiblement en vente, à un prix inférieur, une marchandise débitée depuis des siècles au prix du bœuf dans une foule d'établissements où on ne s'en porte pas plus mal pour cela. C'était donc une pensée philanthropiquequi avait guidé les organisateurs du banquet; avoir de la viande saine à 4 sols, . c'était une heureuse révolution. Or, dans tout ce qui touche