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                           BIBLIOGRAPHIE.                           377

ils sont modifiables à l'infini suivant des organes, les indivi-
dus, et, le môme dialecte parié avec toutes ses tournures cl ses
inflexions par deux personnes de la même localité, dans des
circonstances identiques, offre encore des variations. L'auteur
n'a pu s'étendre sur celle élude particulière.
    Nous réservons pour la fin une dernière et infime querel-
le, puisque c'esl une guerre de clocher. M. Pierre Gras r e -
jette de son classement philologique le patois du Roannais,
d'accord en cela avec M. Steyerl. C'est faute de le connaître
assurément. Dire que le patois du Roannais appartient au
Bourbonnais, est chose contredite par l'observation de tous
 les jours ; sans doule, sur les montagnes et dans la
 plaine roannaise, la langue d'ot'l.a eu beaucoup d'action
 sur le patois, et les habitants de Roanne trouvent à ceux
de Montbrison un accent déjà fort méridional ; mais les
 auteurs du Dictionnaire ne connaissent pas le parler de nos
 montagnes, qui conserve formes, loculions. tournures, et
 au moins les trois quarts des termes d'une langue d'oc sous
 un vernis de français. Ce patois de transition entre les deux
 langues aurait mérité au contraire d'être bien observé. Il y a
 certainement bien plus de différence entre le bourbonnais elle
 bas forézien, qu'entre ce!ui-ci et le haut forézien ; un lexique
 comparé que nous faisons tous les jours nous en a convaincu.
   Parce que l'accentuation est différente dans le roannais,
on n'est pas en droit de l'accuser de fadeur ; il traîne, il zé-
zaie, mais cette lenteur, ce sifflement caractéristique sont
aussi bien nationaux que le timbre naza! du haut Forez;
seulement notre dialecte roannais se rapproche davantage
du parler de la plaine forézienne que dî celui de la monta-
gne, et du côté de la montagne roannaise le patois du haut
Forez pousse fort avant une pointe vers le Bourbonnais (1).
                                            FRÉDÉRIC NOÉLAS.
   (1) Nous ferons observer que-cet article a été écrit avant la savante
publication de M. Onofrio. La courtoisie due à tout homme de lettres
exige cette observation, et c'est ce qui explique pourquoi M. Onofrio
n'est pas même nommé dans ce travail.                      24*