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BIBLIOGRAPHIE. 371 Affirmer qu'il n'y a dans ce dictionnaire que des mots patois foréziens, et que tous les mots de ce patois y .sont ren- fermés, ce serait, je crois, demander l'impossible a Pauleur, et il a dû venir sous sa plume, malgré ses soins, nombre de termes étrangers à nos pays, comme une multitude d'au- tres , à nous connus, ont été oubliés: pour moi, je n'ai pas le courage de lui en faire reproche. Une des causes principales qui s'opposent toujours à ce qu'un dictionnaire patois soit complet, c'est qu'un patois n'a pas d'écrivain qui le fixe. Mais l'auteur doit puiser ample- ment dans foutes les sources locales, vieilles chartes, actes, chansons, écrits ; il doit parcourir les foires, les marchés, les cours de justice, etc., etc. Certainement il n'y a sous ce rapport que des compliments à faire a M. Pierre Gras. Ce serait aussi une erreur de lui demander' les termes de la haute poésie, de la haute éloquence, du haut style; le pa- tois ne les a pas , mais il a une simplicité narquoise , une rudesse ou une grâce rustique. « Dans les glossaires, ce qui presse le plus, a dit M. Littré, c'est de comparer la langue littéraire avec le patois. » Un des points sur lesquels les différences portent surtout, ce sont les mots communs aux deux langues, qui se présen- tent en patois sous leurs formes propres mais altérées. Ceux- là , M. Pierre Gras a cru devoir les élaguer complètement, de peur de grossir son vocabulaire. Cependant l'auteur en a ad- mis encore un grand nombre ; est-ce pour que l'on puisse juger de leur mode d'altération? est-ce au contraire par une crainte exagérée des étymologies ? car il nous a semblé que, faute d'une petite recherche étymologique, l'auteur a donné comme des mots spéciaux aux Foréziens des mots français mal prononcés. Entre l'abus et l'usage des étymologies, il y a une mesure que la modestie de M. Pierre Gras n'a pas osé essayer.