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                           MORNANT.                         319

tre d'un massacre, et que, pour en conserver le souvenir,
on lui a donné le nom de Grand-Mo, ou grands maux, ou
grand meurtre. Nous souhaitons que l'on parvienne à dé-
couvrir la véritable origine de ce nom et de ces divers
objets.
   Sur l'un des pilastres de la façade de l'église, an aper-
çoit une statue grotesque, représentant un petit homme
bossu qui porte un enfant sur son dos. Cette statue ,
connue sous le nom de Carémi, jouissait, d'une célébrité
peu commune parmi la jeunesse de Mornant. Tous les
enfants se donnaient rendez-vous aux pieds de Carémi, les
trois derniers jours de la Semaine-Sainte. A la suite des
offices de Ténèbres que l'on chantait habituellement, les
nombreux dévots de Carémi, munis detraclets, d3 crécelles,
de maillets de bois et autres instruments du même genre,
faisaient un tintamarre épouvantable, qui éilait suivi d'une
grêle de pierres qu'ils faisaient voler à la tête du malheur
reux Carémi; puis ils disaient :—Vois-tu? il pleure, il est bien
malade ! —Le jeudi soir, le même vacarme recommençait d e      *
plus belle, et les enfants disaient : — Il est quasi-mort, ache-
vons-le,—et la grêle de pierres prenait une nouvelle intensité.
Le vendredi, il était mort, il fallait le porter en terre, et on
accordait à son effigie les honneurs d,e la sépulture. Il n'est
presque pas de famille a Mornantqui n'ait sur la garde-robe
ou l'armoire un maillet ou une crécelle pour battre Carémi le
Vendredi-Saint.
   Les ouvriers qui se rencontraient faisant leur totur de
France se reconnaissaient a cet indice : — Asrlu passé à
Mornant? — Oui. — Qu'as-tu vu? Si l'interrogé répondait :
J'ai vu Carémi, de suite, il était reconnu pour véridique.
   M. le curé Venet supprima l'usage de battre Carémi, à
cause du charivari que cela procurait et du dégât que l'on
faisait aux portes, aux vitres et aux chaises de l'égli,s§;