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DECHAZELLE. 271 C'était merveilleux d'entendre porter, sur chaque ta- bleau marquant, le jugement de ce prince de la peinture. Si nous avions pu écrire sous sa dictée, nous aurions eu une critique parfaite et d'un haut intérêt, concernant les plus habiles maîtres anciens. Un jour que nous étions dans la galerie du Luxembourg, il nous disait, au sujet de la Mort de saint Bruno, par Lebrun (M. Artaud a proba- blement voulu dire Lesuéur) : « Tenez, il y a plus de sen- « timent dans ce capuchon que dans tous les tableaux « de la galerie de Rubens. » Des leçons si précieuses ne furent pas perdues pour nous. M. Dechazelle, après avoir enrichi sa mémoire et ses tablettes du plus doux souvenir des beaux arts, se disposait à retourner à Lyon, lorsque David se plut à consacrer les traits de sa physionomie heureuse, dans le fond de son tableau du Sacre. Obligé de rester quelques jours encore dans la capitale, pour servir de modèle au célèbre peintre, il employa le reste du temps à se lier d'affaires avec les premiers marchands de nouveautés. Lenormand surtout le combla de politesses et de com- missions. Enfin, riche de son butin et de ses relations avec Paris, il revint à Lyon pour organiser la maison de com- merce dont j'ai parlé, et dont je devais faire partie. L'année suivante, les affaires en France cessèrent en- tièrement. Alors nous convînmes de suspendre nos tra- vaux. Je profitai de cette circonstance pour me livrer particulièrement aux arts et aux sciences, vers lesquels je me sentais entraîné. Enfin j'entrepris le voyage d'Ita- lie, pour me conforter davantage dans cette carrière, el surtout pour me faire une idée de cette ville de Pompéï à laquelle je rêvais sans cesse. Pendant ce temps, M. De-