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182                MOSAÃQUES D'UN RÈVEDR.

monie des mondes dont vous poursuiviez la loi ; ce dernier
mot des choses que vous avez tant rêvé; possédez-les main-
tenant, étreignez-les comme l'avare élreint son trésor
périssable, et répétez, avec le chœur innombrable des élus, ce
grand cri que proféra un jour le prince des poètes, et qui
sonne dans les oreilles humaines comme un écho venu d'ou-
 Ire-Ciel : Félix qui potuil rerum cognoscere causas,


                              IV.

   Il y a deux sortes de chanteurs.
    Ceux d'abord qui possèdent nalurellement une belle voix,
et qui, ayant appris à la conduire et à la maîtriser, en tirent
tout le parti possible, mais ne sentent que médiocrement ce
qu'ils chantent. Ceux-là sont les beaux chanteurs, les chan-
teurs classiques ; ils sont toujours corrects et égaux à eux-
mêmes, éprouvent peu de défaillance, sont constamment ap-
plaudis e! durent longtemps.
    Pour eux, le chant est une affaire de larynx et d'étude ;
c'est une leçon toujours bien apprise et bien sue; mais l'in-
fluence du cœur et du cerveau est nulle sur leur voix.
    Il existe en revanche une autre classe de chanteurs, essen-
 tiellement journaliers et fantasques, sur la voix desquels les
 impressions cérébrales ont au contraire une influence toute
 puissante.
    Ceux-ci sont les chanteurs d'inspiration.lls ne chantent bien
 que ce qu'ils senlent très-vivement. Leur voix dépend tout
 entière des vibrations du cerveau et du système nerveux.
    Aussi les trouve-t-on d'une inégalité étrange et inexpli-
 cable pour qui n'a pas observé ce fait. Tel jour, alors qu'ils
 auront dans la tête une exaltalion passagère, ou devant eux
  un auditoire sympathique, ils chanteront d'une manière di-