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LES CROISADES. î 83 aurait peut-être retardé de plusieurs siècles le développement de leur prospérité, est-ce un résultat si mesquin qu'on soit en droit de dire, comme le fait M. Viennet, qu'en réglant les comptes de ces pieuses folies, on n'y trouve net pour bénéfice que la Jérusalem délivrée ? L'œuvre du Tasse est, sans contredit, une création poé- tique digne d'occuper une place à côté des chefs-d'œuvre d'Homère et de Virgile, un monument d'une impérissable re- nommée, un monument fait pour exalter l'orgueil d'une na- tion et exciter l'enthousiasme littéraire aussi longtemps que vivra la langue italienne. Mais nous n'en sommes plus aux époques, où la mémoire des grands noms dépendait de l'heu-' reux hasard d'avoir été chantés par une grande lyre, et nous pouvons affirmer que, indépendamment de la Jérusalem dé- livrée, la gloire des Godefroy de Bouillon, des Tancrede et de leurs héroïques compagnons d'armes aurait traversé les siècles, accompagnée de l'admiration et de la reconnaissance des peuples.