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LES CROiSÀÔÉS. i'43 potirenttir i> (1). Tacite parle presque dans les mêmes termes: « Pluribus persuasio inerat fore ût profecti Judeâ rerûm polirentur » (2). Les courtisans de la famille flavienne ap- pliquaient à Vespasien et a son fils Titus cet oracle extrême- ment remarquable dans les termes qui l'expriment, Mais les maîtres de l'empire ne tardèrent pas à s'apercevoir qu'il ne s'agissait ni de Vespasien ni de Titus, que les nouveaux con- quérants, fournis par la Judée, n'en voulaient point au sceptre des Césars; qu'ils visaient à une domination bien différente de celle qu'exerçait la cité dé Romulus. La ques- tion d'Orient qui alors agitait la pensée des politiques3 exci- tait les aspirations de ceux-ci, les appréhensions de ceux-lk, c'était le Christianisme s'avançant, en effet, vers l'Occident, en renversant les idoles de la superstition, en réformant les mœurs, en dissipant les ténèbres du Paganisme, en éclairant les esprits de lumières inconnues à la philosophie, en affran- chissant les intelligences, en révélant a l'homme sa dignité, en élevant l'esclave au niveau du maître, en apportant au présent là liberté, à l'avenir l'espérance, en unissant la sô- creté par un autre lien que celui du despotisme, en chan- geant la face du monde. On sait, depuis longtemps, comment et à quel prix lé Christianisme fonda sa dominalion, comment il mit en pièces l'établissement païen, et éleva sur ses ruines l'édifice évangélique. C'est ainsi que pour la première fois l'Orient imposa des lois a l'Occident, mais celui-ci ne s'aper- çut de sa défaite que pour s'en applaudir, et se confondre avec soii vainqueur dans un majestueux concert dé foi et d'amour. Le monde s'organisait sous l'empire de cette puissante unité qui le défendait contre la barbarie, lor'squ'éclata tout (1) ïii Vespasianum, IV. (2) Taciti hist. lit), v, c. xm.