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LITURGIE. 121
« propre. Leur corps d'une nature Alpine, leur voix reten-
« tissant en éclats de tonnerre, ne peuvent reproduire exac-
te tement l'harmonie des chants qu'on leur apprend, parce
« que la dureté de leur gosier buveur et farouche, au mo-
« ment même où ils s'efforcent de rendre l'expression d'un
« chant mélodieux, par ses inflexions violentes et redoublées,
« lance avec fracas des sons brutaux qui retentissent con-
« fusément comme les roues d'un chariot sur des degrés ;
« en sorte, qu'au lieu dé flatter l'oreille des auditeurs, ils la
« bouleversent en l'exaspérant et en l'étourdissant (1). >' Le
portrait peut être vrai sinon flatté ; quoi qu'il en soit, les
chantres gaulois ne demeuraient pas en reste avec leurs
confrères de Rome.
La confusion, malgré le zèle des papes qui succédèrent a
saint Grégoire, malgré les efforts de Pépin-le-Bref et ceux de
son fils Charlemagne, ne pouvait et ne fit que s'accroître.
Au VIIIe siècle, chaque église, chaque couvent avait ses
neumes particuliers, que les copistes variaient sans cesse,
sans doute pour faire montre de leurs talents calligra-
phiques.
Je ne parlerai pas des causes qui unirent intimement les
premiers Carlovingiens au Saint-Siège. En retour de la puis-
sance temporelle que Pépin conquit a la papauté, son second
fils fut couronné empereur d'Occident. Les faits sont précis :
en 754, Etienne II, opprimé par Aslolphe, roi des Lombards,
-demanda au roi de France un asile momentané ; Pépin lui
députa Chrodegang, évêque de Metz. Le pape Etienne, entré
en France et reçu par Pépin avec toutes sortes d'honneurs,
« traita avec ce prince, non-seulement des libertés de l'Eglise
« de Rome contre les Lombards, mais aussi des nécessités
« présentes de l'Eglise de France. Jl demanda au roi, en
« signe de la foi qui unissait la France au siège apostolique,
(1) Jean Diacre, Vie de saint Grégoire, livre II, chap. 7.