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POÉSIE SATIRIQUE BU XVIe SIÈCLE 87 crois pas que Rome leur ait jamais accordé pareille dis- pense, lors même qu'elles auraient invoqué celle belle raison, qu'en beau parler n'a mal qui ne ly pense. Quant Dieu chassa les marchands de l'église, Il eut raison ; car fêtes et jours ouvriers Les larrons là avoient prins une guize (1) D'y amener vendre leur marchandise, Et la plupart estoiont grands usuriers. Ainsy n'est pas de nos gentils gorriers, Car nul entend qu'on y achète ou vende, Mais chascun saint veult avoir son ofrende. Il est impossible de retourner plus gaillardement à son avantage la comparaison qui venait d'êlre faite avec les mar- chands chassés du temple, après l'équivoque du mot. Mar- cher, méchamment entendu dans le sens de mercari, faire métier et marchandise. Mais, si chascun saint veult avoir son ofrende, il est à croire que ceux qui étaient les plus fêlés n'étaient pas les saints sculptés dans la pierre du gothique édifice. Touchant le poinct de nos accoustrements, Il semble à voir que fort vous courroucez Dont nous portons si beaux abillcmcns. N'en tenez plus voz plais et parlcmens; Ne caquetez que de vos culs troussez : Maints amoureux se trouvent détrousses Pour les ébats que voulez contrefaire ; Nécessité sait prou de choses faire. De reprocher nos regards et œillades, Si souffisait une fois l'avoir dit. D'ouyr parler povres amans malades, Quant ils lisent les rondeaux et balades, Ce n'est que train (2) de l'amoureux edit. (1) Avoient prins «ne guize, avaient pris l'habitude. (2) Train, conséquence. Voir les Arrêts d'amour de Martial d'Auvergne.