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82 POÉSIE SATIRIQUE DO XVIe SIÈCLE. De toutes parts, ainsy que vont oyseaulx Scion le vent, vers un tas de coquars (1) Comme faux gars (2) plus infects que mcseaulx (3) Rouges museaulx (4) ; de mots disent nouveaulx Ainsy qu'oyseauix qui caquctlent en cage. Femme se port d'écouter tel langage. Les coquetteries des dames de Lyon et leur succès de beauté tiennent bien au cœur des Parisiennes et provoquent de leur part un sentiment de jalousie non équivoque; il est impossible de malmener plus durement les admirateurs et les galants. Ce sont des coquars, des faux gars, ils sont plus infects que des lépreux de la pire espèce : car nous voyons, d'après Barbazan, qu'il faut faire la distinction entre ladre et mescl, ou meseau : « Mescl, diL-il, est un homme couvert de $. plaies et d'ulcères; ladrcest un homme rendu insensible par la maladie. » Il vous siect bien d'accoutrer voz visages Et prendre usage du fard qui le cuyr tainct, Dont corrigez nature en ses outrages ! 0 quels outrages par voz lasches courages Voulez oultre eages rafreschir vostre taint. Il est bien taint se la mort vous attaint, Qui tous cslaint.— Couleur n'aurez en face : 11 n'est beauté qui soudain ne s'efface. Jusqu'ici les attaques s'adressent à la vanité des dames, au luxe, à l'amour de la toilette. L'accusation la plus grave est réservée pour la fin : on leur reproche de pousser la démo- ralisation au point de faire commerce de leur beauté pour de l'argent. — Les plus riches se mettent en vente, dit formel- (1) Coquar, mot dérivé de coq (gallus), impertinent, orgueilleux. (2) faute gars, mauvais drôle. (3) Mesel, lépreux.- (4) Rouge-museau, même signification que mesel.